23 janvier 2014

Dieu, Big Brother, la NSA, ... et moi.



Je m'interroge sur les fondements de ces réactions outragées qui pullulent ces derniers temps face aux "révélations" des pratiques de surveillance dont je, vous, nous sommes virtuellement les cibles.

Ce que j'ai à l'esprit, c'est l'effervescence du monde politique qui tremble à l'idée que ses téléphones et/ou ordinateurs soient en fait surveillés par une agence étrangère.

J'ai également à l'esprit l'indignation des utilisateurs des technologies de communication actuelles, quand ils se font rappeler que les conditions d'utilisation qu'ils ont acceptées (le plus souvent sans les lires soit dit en passant) permettent à leur équipementier/fournisseur de service de conserver des informations comme la localisation et le type de l'appareil utilisé, le temps passé à utiliser le service, le contenu des messages écrits/reçus/stockés, les destinataires de ces messages, les sites fréquentés, les images téléchargées et/ou consultées, etc.

J'ai encore à l'esprit les réserves et oppositions que soulève inévitablement chaque nouvelle installation de caméras dites de sécurité dans des lieux publics, ou non.

Sans compter que les agences gouvernementales ou autres pourraient tout aussi bien avoir accès à toutes ces informations...

Ce n'est pas sans me rappeler cet ancien paradigme de l'évaluation morale, dans lequel (horreur!) Dieu tout-puissant aurait accès non seulement à chacun de mes gestes, à chacune de mes paroles, mais même à chacune de mes pensées, aux secrets les mieux gardés de mon cœur...

Peut-être que c'est justement cette sainte terreur de se savoir nu devant l’œil omniscient de Dieu qui refait surface quand on prend conscience que le réseau mondial n'est pas si aveugle que ça.

Quel que soit le prétexte, que l’œil soit divin, technologique, étatique, ou autre, il me semble donc y avoir un profond malaise dès que "quelqu'un" pourrait avoir accès à des information me concernant.

Mais ce que je me demande, c'est pourquoi.

Pourquoi cette peur de l’œil étranger?

À part dans l'hypothèse où l’œil serait tellement divin ou technologique qu'il connaîtrait des parties inconscientes de mon être, auquel cas ce serait gagnant car il pourrait m'en apprendre sur moi, à part dans ce cas donc, j'en sais davantage que tout ce que l’œil ne pourra jamais amasser comme informations à mon sujet.

Donc ce que l’œil étranger peut connaître, je le connais aussi. Mieux que lui, et avant lui.

Ce malaise alors ne serait-il pas dû au fait qu'il y a des choses que je fais mais que je n'assume pas, que je préférerais oublier?
Le danger de l’œil étranger, ne serait-il pas qu'il puisse lui ne pas oublier ces choses que moi je veux m'occulter?
Et pire: me les montrer, me les reprocher?

Le motif fondamental du blindage de la sphère privée pourrait ainsi bien être la peur qu'autrui puisse se montrer moins condescendant envers moi que je ne le suis envers moi-même.

Bien sûr je n'ai pas la prétention de faire le tour du problème, mais je pense que cette hypothèse recouvre une part non-négligeable des tourments causés par l’œil étranger.

Surtout que ces tourments-là peuvent être évités.

En effet, cette peur ne peut exister que sous la condition qu'il y ait des choses en moi que je refuse de voir. Des choses en moi que je n'accepte pas.
Des choses en moi dont j'ai honte, que j'aimerais dissimuler, oublier.

La condition d'existence de la peur de l’œil étranger est donc l'absence de paix avec soi-même.

Si je suis en paix avec moi-même, avec ce que je fais, avec ce que j'ai fait, alors:

Peu m'importe que Google puisse savoir ce que j'écris et à qui.
Peu m'importe que Microsoft puisse compter les heures que je passe sur mes travaux.
Peu m'importe qu'Apple puisse déterminer quelle musique j'aime écouter.
Peu m'importe que mon passage puisse être enregistré par toutes les caméras de surveillance que je croise.
Peu m'importe que la police puisse lire mon numéro de plaques sur l'autoroute.
Peu m'importe que les satellites au-dessus de ma tête puissent me dire où j'étais tel jour à telle heure.
Peu m'importe que qui ou quoi que ce soit puisse savoir quoi que ce soit d'où que ce soit.

Car l’œil étranger ne peut venir qu'après mon œil intérieur.

Et si je suis là où je suis aujourd'hui, c'est grâce à tous et à chacun des pas que j'ai posés, depuis le tout premier. Car chaque acte, chaque mot, chaque pensée, chaque respiration, chaque battement de mon cœur est un aspect constitutif de ma manifestation dans ce monde.

Laissant ainsi le jugement de mon œil intérieur guider chacun de mes pas, peu m'importe si a posteriori un œil étranger vient s'amuser à rejuger ce qui a déjà été réalisé.

Bien sûr j'ai des remords, j'ai des regrets, et ce n'est pas agréable d'imaginer quelqu'un mettant le doigt sur ces aspects de moi dont je suis moins fier.

Mais c'est en faisant la paix avec moi-même, c'est en tirant les enseignements nécessaires de mes aspects les moins parfaits pour en manifester de plus en plus parfaits, que je m'affranchis de la peur de l’œil étranger.

Si je laisse mon œil intérieur s'ouvrir et me guider, je n'ai rien à craindre d'un myope œil étranger.

C'est seulement si mon œil intérieur est aveugle, que l’œil borgne étranger peut être roi.

Vous avez peur?

Ouvrez les yeux!


16 janvier 2014

Zombie?



Parfois, je ne suis pas dans mon corps.
Pas vraiment.
Pas tout à fait.

Ce sentiment de vide fonctionnel est parfois tout à fait normal, et parfois tellement dérangeant...
Où est-ce que je vais, qu'est-ce que je fais quand je ne suis pas ici?

Essayons d'expliciter un peu.

"JE" est un terme difficilement définissable. Mais essayons.

Je suis (au moins) triparti. Une sorte de trinité interne peut-être:
- mon corps, l'ensemble de ces parties physiques dont j'ai conscience, cette matière qui me fait parfois plaisir et parfois souffrir, toutes les expériences que me donnent mes sens, toutes mes perceptions visuelles, auditives, etc.
- mon esprit, cette faculté cognitive qui me permet de penser, de jouer avec les concepts, de construire des mots et des phrases avant de les prononcer, de les écrire, parfois même sans jamais les exprimer, cet espace virtuel en quelque sorte, où je construis des systèmes, du sens, des interprétations de mes expériences.
- mon âme, cette chaleur vitale qui rayonne dans ma poitrine, qui me fait vivre et aimer, qui me fait me sentir pleinement moi-même, qui me dit que ce que je fais, dans mon corps ou dans mon esprit, est juste... ou pas.

Donc, "JE" suis une trinité interne. Âme, Esprit, Corps.

Il y a des moments, dans lesquels je ne suis pas mon corps. Le sommeil par exemple. Ou la méditation. Ou la réflexion intense. Quand cet ensemble d'expériences sensibles disparaît.
Peut-être que dans la réflexion, la méditation, le corps passe au second plan. Peut-être qu'il est toujours tout autant présent, mais simplement mon attention n'y prête justement pas attention.
Mais dans le cas du sommeil, est-ce que je suis toujours mon corps? Sans avoir d'explication, je nourris quelques doutes... Bien sûr, mon corps continue d'exister, puisque je le retrouve au réveil.
Mais qu'y a-t-il entre l'endormissement et le réveil? Rien? Le "JE" de mon corps semble pourtant bien être lui aussi mis entre parenthèses...

Il y a des moments, dans lesquels je ne suis pas mon esprit. Typiquement, le réveil. Dans la phase où je reprend contact avec mon corps, je ne suis pas capable de penser quoi que ce soit. Je ne suis pas capable de communiquer, de former des phrases. Encore moins de les articuler. Il me faut du temps, pour me reconnecter au train de pensées de la veille. Pour me souvenir de ce que j'ai prévu hier pour mon programme d'aujourd'hui. Pour réactualiser mon système de croyances, mes valeurs, mes choix.
Ce qui est perturbant, c'est qu'il arrive que mon esprit soit aux abonnés absents. Des moments, des journées, où je fonctionne, comme si mon corps continuait sur sa lancée, poursuivait les desseins que mon esprit lui a prescrit, mais cet espace virtuel reste désespérément vide...
Peut-être qu'il a besoin de se reposer quand on l'utilise trop? Même si certaines facultés peuvent être réactivées, par exemple quand quelqu'un m'adresse la parole, soudain "je reviens à moi", et suis capable de lui répondre.
Je ne parle pas du fait d'être, comme on dit, "perdu dans ses pensées". C'est chose commune, du moins dans mon monde à moi. Mais dans mon monde à moi justement, il y a de ces moments où mon esprit est perdu... mais je ne sais pas où. Du coup je peux en revenir, mais je reviens de nulle part. Où étais-je à ce moment-là?

Il y a des moments, dans lesquels je ne suis pas mon âme. En fait, il y en a beaucoup. Ceux qui se remarquent, sont ceux dans lesquels je suis mon âme. Ces moments où je me sens pleinement vivant, où je sens la vie irriguer chacune de mes pensées et chaque centimètre de mon corps. Ces moments où retentit comme un message d'alarme à l'intérieur, où tout mon être crie au scandale, se révolte, ou au contraire vibre de bonheur, comme si tout n'était qu'un, et que se manifestaient par moi le Beau, le Bon, et le Bien.
Quand il m'arrive de faire l'expérience de cette plénitude intense, j'ai l'impression de la retrouver, de me retrouver. Mais si je la retrouve dans ces moments privilégiés (ou particulièrement horribles), où était-elle? Et depuis que "JE" est mon âme, où étais-je?

Aussi, il y a des moments autres que le problème du sommeil, dans lesquels mon "JE" esprit n'est pas là, la plupart du temps mon "JE" âme est loin, très loin, et pourtant mon "JE" corps est toujours là, continue à fonctionner, à agir...

Plusieurs problèmes en découlent.

Que fait mon esprit quand il n'est pas là?

Où mon âme va-t-elle passer le plus clair de son temps?

Est-ce que j'existe encore quand je suis endormi?

"JE" est-il l'unité des aspects de la trinité interne?
Ou est-ce une fonction qui essaie tant bien que mal de maintenir ensemble trois natures opposées?

Est-ce que nous sommes tous... des zombies?