13 décembre 2014

Tout est Un

Chaque pas qui m'éloigne un peu de toi

Est déjà un pas qui me rapproche un peu de toi.

29 octobre 2014

Interdisons la philosophie!



La philosophie est dangereuse.

Pour la tranquillité de l'âme, sans doute, pour la béate ignorance, certainement, et pour la confortable certitude, nécessairement.

Je peux donc tout à fait comprendre pourquoi tant de gens font preuve de tant de défiance quand ils sont confrontés au philosophe et à ses questions.

Par contre, que des gens en viennent à interdire l'enseignement de la philosophie dans une université, cela je ne peux pas le comprendre. La question suivante est donc: puis-je seulement le concevoir?


Qu'est-ce donc que la philosophie?

Mon point de vue sur cette éternelle et complexe question se précise peu à peu: elle est la recherche de la sagesse.
Elle est la recherche de l'harmonie, de la vérité, comprises comme des caractéristiques fondamentales de la construction de toute vision du monde, et de tout self-system, possibilités inhérentes à tout être humain.
La philosophie est l'art de remettre en question les évidences les plus banales, les certitudes les plus acquises, dans une perpétuelle quête d'un possible "mieux".
Elle est l'exercice de la réflexivité nécessaire à la prise de conscience du système de pensée, soit-il commun ou individuel, qui finalement n'est autre chose que la manifestation de la vie de la conscience.
La possibilité de la philosophie naît de la possibilité de vivre en tant qu'être humain.
À partir du moment où nous parlons de l'humanité en général, ou d'un être humain en particulier, un système de pensée, fût-il rudimentaire, est un donné nécessaire, et la philosophie est donc une possibilité nécessaire.

Nier la philosophie serait donc refuser une possibilité, liberté que bien des gens prennent.
Mais nier la possibilité même de la philosophie, voilà qui se rapproche dangereusement de la négation de l'humanité elle-même.


Qu'est-ce donc que l'université?

Sans entrer dans les détails historiques, il est évident que l'université peut se comprendre au moins sous trois aspects fondamentaux.
L'université est une école, un lieu d'enseignement. C'est en son sein que des spécialistes peuvent indiquer la voie à des non-spécialistes qui sont en train d'essayer de se spécialiser.
L'université est un centre de recherche. Les spécialistes, de quelque discipline que ce soit, ne sont des spécialistes que parce qu'ils sont des chercheurs. Des chercheurs de vérité, de précision, d'harmonie, de connaissance, qui cherchent encore et toujours le prochain "mieux" possible.
L'université est un nœud d'échanges. Regroupant les spécialistes des différentes disciplines, elle leur permet de comparer leurs approches, leurs méthodologies, leurs résultats, leurs visions du monde, et ainsi de prendre conscience de la complémentarité de chaque aspect avec chaque autre, dans la formation de ce qu'on pourrait désigner assez maladroitement comme un super-système, le système des systèmes, qui vise à atteindre l'universalité dans toute sa diversité.

Choisir de ne pas vivre l'université, c'est laisser le soin à d'autres de consacrer leur énergie à l'enseignement, à la recherche, et à l'échange.
Mais interdire l'université, c'est nier l'accès au savoir, c'est nier la nécessité de l'échange, c'est nier la possibilité même d'un "mieux".


Qui donc, pourrait vouloir interdire l'enseignement de la philosophie à l'université, et pour quels motifs?

Si je continue à suivre cette ligne de réflexion, celui qui interdit la philosophie à l'université renie la recherche d'un "mieux", renie la possibilité de prendre conscience de la vie, renie l'échange et la réciprocité des aspects, renie la nature même de l'humanité.

Même le plus acharné des nihilistes, qui renierait absolument chacun de mes mots, ne pourrait m'interdire de suivre ma voie. Il trouverait qu'elle est vaine, vide de sens, absurde, mais il serait non moins vain, vide et absurde pour lui de me l'interdire. Le nihilisme s'interdit tout sens, mais s'interdit également d'interdire.

Il faut pourtant que cette interdiction fasse du sens pour quelqu'un.

Je trouve pitoyable, au sens propre, que justement ceux qui ont annoncé une telle interdiction se proclament défenseurs d'une religion, d'un message divin.
Ceux qui, au nom de Dieu, commettent le meurtre, renient l'humanité, et font trembler des populations entières par la menace et la violence, ceux-là sont des criminels.
Criminels aux yeux des hommes, criminels aux yeux de Dieu (s'il a des yeux).

C'est un crime contre l'humanité, que de prendre pour justification des pires atrocités un système de pensée qui tente de donner accès aux hommes à leur nature profonde.

Car la religion est un système de pensée, qui essaye de saisir et de partager un aspect de la réalité vue comme supérieure, suprême, divine.
Toute forme de révélation religieuse propose une compréhension du monde, de l'univers, de l'être humain, du divin, de l'absolu.
Toute forme de religion propose un "mieux".

Une religion honnête, intègre, et cohérente, quelle qu'elle soit, n'oublie pas qu'elle n'est rien d'autre que des êtres humains apportant un message divin à d'autre êtres humains.

Et pour qu'un être humain puisse saisir les bienfaits du "mieux" annoncé par la religion, il est nécessaire qu'il puisse exercer sa faculté de recherche du "mieux".
Pour pouvoir saisir la valeur d'un système de pensée, il est nécessaire de comprendre quelle valeur peut avoir un système de pensée.
Pour promouvoir la parole divine, il est nécessaire de comprendre la parole humaine.
Pour pouvoir vivre la foi, il est nécessaire de vivre la raison.

Donc ceux qui proclament un État Islamique, et qui renient l'humanité de ceux à qui ils tentent d'imposer leur vérité, se tirent une balle dans le pied.
Il suppriment toute possibilité pour le reste du monde d'accéder à la valeur du message de cette religion.
Il privent des être humains de leur dignité, de leur liberté, de leur responsabilité, de leur nature, de leur vie.

Non moins grave, il renient l'humanité en eux-même.
Ils sont les animaux, les démons, les êtres maléfiques qu'ils veulent voir dans leurs adversaires.
Ils insultent violemment le Dieu qu'ils disent servir.
Ils sont la fin de l'humanité.


Mais pourquoi donc est-il possible d'en arriver là?
N'y a-t-il pas déjà eu suffisamment d'atrocités commises aux nom de la religion, de la vérité, de Dieu, et au détriment des être humains?
Pourquoi l'histoire semble-t-elle se répéter, encore, et encore?

Pour bien des raisons sans doute, mais au centre il y a celle-ci:

Ceux qui interdisent l'enseignement de la philosophie, y sont réduits, parce qu'ils n'ont pas eu la chance de recevoir ni de comprendre le message qu'elle leur propose.
Ils n'ont pas pu comprendre ce qu'est l'être humain, ni ce qu'est la philosophie pour lui.
Ils n'ont pas vu les erreurs qui ont été commises, ils n'en ont rien appris.
Ils ont été privés de leur propre nature, ils en souffrent.
Et ils veulent le faire payer au monde entier.

Ils sont dans l'erreur, et ils s'acharnent à se détruire eux-même comme ils détruisent leurs semblables.
Ils sont nés être humains, et ils se sont déchus, damnés eux-même.


Le plus préoccupant, c'est qu'ils ne sont pas les seuls.
Ceux qui réagissent à leur menace, ne sont pas forcément plus humains qu'eux. Ni plus conscients.
À l'intolérance et la violence répondent la violence et l'intolérance.

La situation devient extrêmement simpliste: il y a d'un côté les gentils, et de l'autre les méchants.
Qui est de quel côté, cela dépend de quel côté est celui qui se pose la question.

Ce monde aurait grandement besoin que les être humains arrêtent de s'auto-détruire, et se consacrent davantage à se comprendre eux-même, à vivre consciemment.
Mais déjà, cela ne rapporterait pas autant d'argent, ni de gloire, ni de confort.
En plus, cela impliquerait de remettre en question les certitudes que nous croyions acquises, d'envisager la possibilité qu'il y ait eu des erreurs quelque part.

Et oui, c'est inconfortable.


Vous avez raison, interdisons la philosophie.


12 octobre 2014

Manifeste de philosophie thérapeutique



Quel service le philosophe peut-il rendre à la communauté?

Le philosophe plutôt théorique s'intéresse à ce qui est, ce qui existe, ce qui peut être connu, comment, etc.

Le philosophe plutôt pratique s'intéresse à ce qui se fait, comment, pourquoi, qu'est-ce qui devrait être fait, etc.

Ce que j'appelle pour l'instant philosophie thérapeutique (ou thérapie philosophique, si vous préférez), est en quelque sorte l'intégration de ces deux aspects.

Il ne s'agit pas d'une thérapie au sens psychologique du terme, où le patient est vu comme malade par rapport à une norme, norme vers laquelle le thérapeute va essayer de ramener son client.

Il s'agit plutôt d'un accompagnement philosophique.

Je pars du principe que toute personne, tout être humain a une manière bien à lui d'appréhender la réalité.
Je crois qu'il existe une réalité, un fondement ultime et unique, je suis en ce sens un absolutiste (si on aime les -ismes).
Je crois aussi qu'il n'existe pas un accès juste et unique à cette réalité, mais bien plutôt autant de points de vue que d'êtres conscients. Je suis en ce sens un relativiste (toujours si on aime les -ismes).

Donc toute personne appréhende à sa manière ce qu'elle peut saisir de la réalité. C'est ce que j'appelle la Vision du Monde.

Parallèlement, toute personne douée de suffisamment de réflexivité a également une manière de s'appréhender elle-même, de se définir, de se connaître. C'est ce que j'appelle le Self-system.

La Vision du Monde et le Self-system sont tous les deux des systèmes, construits par notre intellect, notre cerveau, notre esprit, selon votre définition de ce qui construit des systèmes de pensée.

En tant que systèmes, ils sont constitués d'éléments: des concepts, des images, des croyances, des désirs, touts les composants que vous pouvez imaginer formant un système. Un peu comme des briques de Lego, ou des barres de Mécano, des allumettes, des cartes, ou quoi que ce soit avec lequel vous pouvez construire votre propre structure.

La médecine ne me contredira pas trop je pense, si je dis que la douleur est le résultat d'une dissonance entre différents éléments au sein d'un système.

A priori, le philosophe ne pourra rien pour soulager une rage de dents, un bras cassé, ni un ongle incarné. Sauf peut-être en vous distrayant de votre douleur physique.

Par contre, il existe bien des formes de douleur, ou d'inconfort tout du moins, qui résultent de dissonances au sein de nos systèmes de pensée.

Parfois, il y a des informations que nous ne pouvons ignorer mais qui contredisent des éléments essentiels de notre Vision du Monde et/ou de notre Self-system.
Parfois, nos systèmes requièrent une information essentielle qui nous fait pourtant défaut, provocant l'instabilité desdits systèmes.

Je suis persuadé que beaucoup de conflits, tant externes qu'internes, tant ouverts que latents, tant internationaux qu'intimes, sont dus à des dissonances entre différents systèmes, au sein de différents systèmes, tant entre ou au sein de la Vision du Monde, entre ou au sein du Self-system, qu'entre Vision du Monde et Self-system.

Et je suis au moins autant persuadé que les compétences théoriques, pratiques et systémiques du philosophe peuvent justement aider à identifier, puis à résoudre ces dissonances.

La philosophie thérapeutique se veut donc un accompagnement philosophique, où le philosophe rencontre la personne, essaie de participer à sa Vision du Monde et/ou à son Self-system, et l'aide à identifier puis à résoudre les dissonances.

La philosophie thérapeutique n'est pas vraiment un soin, vu que la personne n'est pas malade, et que le philosophe ne dispose pas de remède.
Le philosophe ne dispose d'aucune "vérité absolue" ni d'aucune "bonne réponse" qu'il pourrait transmettre à la personne.

Mais le philosophe, ayant développé certaines capacités d'analyse et d'identification des sources de dissonances au sein de systèmes tels que la Vision du Monde et le Self-system, peut respectueusement les mettre à la disposition de la personne, pour l'accompagner sur son chemin.

Car finalement, le philosophe lui-même est aussi sur son propre chemin, il est aussi toujours en quête d'amélioration pour sa propre Vision du Monde et son propre Self-system.

Et c'est en ce sens que l'accompagnement philosophique prend tout son sens: le philosophe et la personne, échangeant leurs expériences, partageant leurs Visions du Monde, leurs Self-systems, leurs capacités propres et spécifiques à chacun, s'enrichissent mutuellement, se découvrent eux-même par le jeu de la réciprocité, et grandissent chacun sur leur chemin respectif vers leur but commun, réduire les dissonances et saisir la réalité.

Les seules conditions requises, finalement, sont:
- le respect d'autrui comme de soi-même,
- l'ouverture d'esprit à des points de vue différents,
- l'humilité de reconnaître être soi-même en chemin,
- la croyance en un potentiel d'amélioration.

Respect, Ouverture, Humilité, Optimisme.

Une belle définition de la Philosophie, et aussi une belle définition de la Vie.


11 mai 2014

Du Monde Réel



Le monde des psychologues existe, mais il n'est pas le mien.

Le monde des sociologues existe, mais il n'est pas le mien.

Le monde des physiciens existe, mais il n'est pas le mien.

Le monde des artistes existe, mais il n'est pas le mien.


Lequel de ces mondes est réel?

Et... Lequel est le mien?


2 avril 2014

Que ton règne vienne...



Cela doit faire partie de notre nature je pense, ou du moins de notre état présent, que d'avoir l'impression que nous sommes soumis aux influences du "monde extérieur", de ses aléas qui souvent nous sont désagréables, ce sentiment d'être à la merci du premier ouragan venu. (Éole, pas si fort...)

Sauf bien sûr me diront certains, si nous incarnons déjà le Sage des Stoïciens, que notre "citadelle intérieure" est à toute épreuve, ou si nous avons décidé de pratiquer l'épochè chère aux Sceptiques comme à Husserl, qui nous permet de discréditer jusqu'à l'influence du soleil sur la température ambiante (sans parler de celle sur notre moral), puisqu'il n'y a aucune raison ni pour accepter son existence, ni pour la lui dénier. (Hélios, pardonne-leur...)

Mais quand bien même ce serait le cas, qui d'entre nous peut affirmer qu'il n'est jamais sous l'impression de subir des influences de son propre "monde intérieur"? Qui ne ressent jamais, ne fût-ce qu'un épisode fugace (avant qu'il soit refoulé en bonne et due forme) de passion, dans le sens le plus primitif du mot patere, pathein, les assauts de son cœur, sous toutes les déclinaisons possibles et imaginables des émotions? En court, qui ne souffre pas?

Mon propos ici n'est pas de démontrer que tout le monde souffre (cf. R.E.M. "Everybody hurts") puisque finalement c'est exactement cette même capacité qui nous permet d'être heureux, et que je plaindrais l'âme qui affirmerait ne jamais pâtir.
Mais justement, quand il s'agit du sentiment de plaisir, ou de quelque émotion positive que ce soit, il ne nous pose aucun problème d'en jouir, parfois même en toute simplicité, mais dès lors qu'il s'agit d'émotions dites "négatives", il nous est bien plus difficiles de les accepter, de les gérer...

Comment donc, intégrer cette asymétrie entre toutes nos émotions, tout en évitant de refouler mécaniquement celles que nous jugeons négatives, ou de dénier l'existence de celles que nous jugeons pourtant positives, et qui sont quelque part le moteur de toutes nos actions?
(Partant, qui peut affirmer qu'il ne cherche pas le bonheur? Même l'austère Kant agréerait sur ce point. Mais ceci, est une autre histoire.)


Je ne veux pas éliminer la possibilité que ton amour, ton plaisir, ta colère, ta rancune, ta souffrance, soit de quelque manière "causée par le monde extérieur", mais pour commencer, parlons de ta culpabilité, de ta lassitude, de ton angoisse (chère à Heidegger), qui semble de quelque manière être "causée par ton monde intérieur".

Combien de fois dois-tu affronter ces démons, alors que tu ne vois aucun motif rationnel pour leur émergence au fond de toi?
Certes, tu as toujours vite fait de les expliquer par ceci ou par cela, le plus souvent quelque part "à l'extérieur", sur lequel tu as beau jeu de focaliser ton énergie revancharde pour triompher des obstacles que "le monde" met sur ta route...
Je ne te jette pas la pierre, notre esprit est ainsi fait, qu'il trouve toujours un bouc émissaire, une "cause" à qui attribuer la responsabilité de tout ce qui peut lui arriver. Et le plus il est agile, entraîné, vif, le plus il peut se montrer retord à ce jeu-là.

Mais sérieusement, qui est-ce qui souffre? Qui a peur? Qui est las?
Toi, naturellement.
Mais dans ce cas, que sont cette souffrance, cette peur, cette lassitude?
Bien sûr il peut te sembler qu'elles soient des attaques du "monde extérieur", que ce soit parce que cette situation autour de toi te révolte, parce que ce comportement de tel autre t'irrite, ou parce que tu as trouvé un responsable quelque part dans ce monde ou dans un monde passé qui "cause" ta souffrance actuelle...

Mais quand bien même tel souvenir pourrait être tenu pour responsable de ta douleur, où est elle? Dans le passé, juste après sa "cause"?
Non. Ta douleur est bien présente, là, quelque part entre ta gorge, ton cœur et ton nombril.

De même que ta rancœur, ta culpabilité, ta lassitude, ta colère, ton désir, ton plaisir, ta joie.
Elles sont toutes "parties de toi"!

Mais peuvent ces "parties de toi" être "causées par le monde extérieur"?
Vraiment?

Quoi que tu décides de croire à ce sujet, il n'en demeure pas moins que quand tu as mal, c'est une "partie de toi" qui souffre.
C'est toi qui souffres.
Cette souffrance est bien réelle.
Et elle est en toi.
Elle est toi.

Alors qu'est-ce que tu fais? Tu baisses les bras? Tu rends les armes?
L'ennemi n'est pas dans le "monde extérieur", il est à l'intérieur même de ta citadelle!
Et ta citadelle, c'est toi.
Et ton ennemi, qui est dans ta citadelle qui est toi, cet ennemi c'est toi!


Tant que tu accordes une existence séparée de la tienne à ton émotion négative, tu lui accordes un pouvoir "causal" comme celui que tu accordes aux entités que tu situes dans le "monde extérieur".
De là, tant les fantômes dont tu peuples le "monde extérieur" que ton émotion négative que tu as extériorisée sont devenus des menaces pour ton "monde intérieur".
Alors, parmi les fantômes qui gardent ta citadelle, naît une peur, peur de la menace des fantômes du "monde extérieur". Mais comme c'est toi qui as peur, tu l'attribues au "monde extérieur" comme de juste, et du coup tu l'ostracises. Et un fantôme de plus autour des murs de ta citadelle...


Le jour où tu prendras conscience que ce mécanisme tu le reproduis chaque jour, chaque heure, tu réaliseras que c'est toi qui peuples le "monde extérieur" avec tes fantômes, c'est toi qui les armes de pouvoir "causal", c'est toi qui leur donnes le pouvoir de te faire souffrir. Et les armes que tu fournis aux fantômes qui gardent ta citadelle ne peuvent blesser... que toi.

Ce jour-là, tu auras peut-être le courage et la sagesse de quitter ta citadelle, d'unifier les mondes "extérieur" et "intérieur" en un seul royaume, dont tu es, dont tu as toujours été, et dont tu seras toujours le monarque légitime, absolu, et incontesté.

Car le seul qui pourrait contester ton autorité, ce n'est pas un fantôme que tu as pu créer, mais c'est toi.

Bien sûr, dans ton royaume, la souffrance ne cessera pas d'exister. Mais la joie non plus ne disparaîtra pas.
Toutes les émotions, que tu peux classifier à ton bon gré entre les "bonnes" et les "mauvaises", font partie de tes loyaux sujets.
Elles ne sont pas les seules, mais tu auras tout loisir de partir à la rencontre des habitants de ton royaume, une fois que tu te seras rappelé que le poids sur ta tête est celui de ta couronne, et que le bâton qui t'aidait à soutenir ta lassitude n'est autre que ton sceptre...


Par-delà toutes les murailles que tu peux ériger entre tous les mondes que tu veux distinguer, s'étend ton royaume. Il ne t'empêchera jamais de le retrancher en autant de frontières illusoires que tu le souhaiteras (et tu peux en tracer beaucoup...) pour la simple et bonne raison que le royaume et son monarque ne sont qu'un... Et ce que le monarque veut, le royaume le peut.

À toi donc le libre choix, de régner sur un camp retranché peuplé de fantômes ou sur une terre fertile et ouverte sur l'univers.

Qui dit liberté, dit responsabilité.
Et qui dit responsabilité, dit peur.
Alors cette peur, fantôme ou loyal sujet?

N'oublie pas que tu es, tu as toujours été, et tu seras toujours le roi et le royaume, la citadelle et les fantômes, le "monde intérieur" et le "monde extérieur".
Tu es chacune de tes émotions, mais tu es aussi leur souverain.
Tu es ton propre royaume, et tu es aussi tout ce qui tu y crées.
Tu es chaque larme, celle que tu verses comme celle que tu fais verser.
Tu es chaque sourire, celui que tu donnes comme celui que tu reçois.


Prend conscience de qui tu es, de ce que tu es, et que ton règne vienne.



23 janvier 2014

Dieu, Big Brother, la NSA, ... et moi.



Je m'interroge sur les fondements de ces réactions outragées qui pullulent ces derniers temps face aux "révélations" des pratiques de surveillance dont je, vous, nous sommes virtuellement les cibles.

Ce que j'ai à l'esprit, c'est l'effervescence du monde politique qui tremble à l'idée que ses téléphones et/ou ordinateurs soient en fait surveillés par une agence étrangère.

J'ai également à l'esprit l'indignation des utilisateurs des technologies de communication actuelles, quand ils se font rappeler que les conditions d'utilisation qu'ils ont acceptées (le plus souvent sans les lires soit dit en passant) permettent à leur équipementier/fournisseur de service de conserver des informations comme la localisation et le type de l'appareil utilisé, le temps passé à utiliser le service, le contenu des messages écrits/reçus/stockés, les destinataires de ces messages, les sites fréquentés, les images téléchargées et/ou consultées, etc.

J'ai encore à l'esprit les réserves et oppositions que soulève inévitablement chaque nouvelle installation de caméras dites de sécurité dans des lieux publics, ou non.

Sans compter que les agences gouvernementales ou autres pourraient tout aussi bien avoir accès à toutes ces informations...

Ce n'est pas sans me rappeler cet ancien paradigme de l'évaluation morale, dans lequel (horreur!) Dieu tout-puissant aurait accès non seulement à chacun de mes gestes, à chacune de mes paroles, mais même à chacune de mes pensées, aux secrets les mieux gardés de mon cœur...

Peut-être que c'est justement cette sainte terreur de se savoir nu devant l’œil omniscient de Dieu qui refait surface quand on prend conscience que le réseau mondial n'est pas si aveugle que ça.

Quel que soit le prétexte, que l’œil soit divin, technologique, étatique, ou autre, il me semble donc y avoir un profond malaise dès que "quelqu'un" pourrait avoir accès à des information me concernant.

Mais ce que je me demande, c'est pourquoi.

Pourquoi cette peur de l’œil étranger?

À part dans l'hypothèse où l’œil serait tellement divin ou technologique qu'il connaîtrait des parties inconscientes de mon être, auquel cas ce serait gagnant car il pourrait m'en apprendre sur moi, à part dans ce cas donc, j'en sais davantage que tout ce que l’œil ne pourra jamais amasser comme informations à mon sujet.

Donc ce que l’œil étranger peut connaître, je le connais aussi. Mieux que lui, et avant lui.

Ce malaise alors ne serait-il pas dû au fait qu'il y a des choses que je fais mais que je n'assume pas, que je préférerais oublier?
Le danger de l’œil étranger, ne serait-il pas qu'il puisse lui ne pas oublier ces choses que moi je veux m'occulter?
Et pire: me les montrer, me les reprocher?

Le motif fondamental du blindage de la sphère privée pourrait ainsi bien être la peur qu'autrui puisse se montrer moins condescendant envers moi que je ne le suis envers moi-même.

Bien sûr je n'ai pas la prétention de faire le tour du problème, mais je pense que cette hypothèse recouvre une part non-négligeable des tourments causés par l’œil étranger.

Surtout que ces tourments-là peuvent être évités.

En effet, cette peur ne peut exister que sous la condition qu'il y ait des choses en moi que je refuse de voir. Des choses en moi que je n'accepte pas.
Des choses en moi dont j'ai honte, que j'aimerais dissimuler, oublier.

La condition d'existence de la peur de l’œil étranger est donc l'absence de paix avec soi-même.

Si je suis en paix avec moi-même, avec ce que je fais, avec ce que j'ai fait, alors:

Peu m'importe que Google puisse savoir ce que j'écris et à qui.
Peu m'importe que Microsoft puisse compter les heures que je passe sur mes travaux.
Peu m'importe qu'Apple puisse déterminer quelle musique j'aime écouter.
Peu m'importe que mon passage puisse être enregistré par toutes les caméras de surveillance que je croise.
Peu m'importe que la police puisse lire mon numéro de plaques sur l'autoroute.
Peu m'importe que les satellites au-dessus de ma tête puissent me dire où j'étais tel jour à telle heure.
Peu m'importe que qui ou quoi que ce soit puisse savoir quoi que ce soit d'où que ce soit.

Car l’œil étranger ne peut venir qu'après mon œil intérieur.

Et si je suis là où je suis aujourd'hui, c'est grâce à tous et à chacun des pas que j'ai posés, depuis le tout premier. Car chaque acte, chaque mot, chaque pensée, chaque respiration, chaque battement de mon cœur est un aspect constitutif de ma manifestation dans ce monde.

Laissant ainsi le jugement de mon œil intérieur guider chacun de mes pas, peu m'importe si a posteriori un œil étranger vient s'amuser à rejuger ce qui a déjà été réalisé.

Bien sûr j'ai des remords, j'ai des regrets, et ce n'est pas agréable d'imaginer quelqu'un mettant le doigt sur ces aspects de moi dont je suis moins fier.

Mais c'est en faisant la paix avec moi-même, c'est en tirant les enseignements nécessaires de mes aspects les moins parfaits pour en manifester de plus en plus parfaits, que je m'affranchis de la peur de l’œil étranger.

Si je laisse mon œil intérieur s'ouvrir et me guider, je n'ai rien à craindre d'un myope œil étranger.

C'est seulement si mon œil intérieur est aveugle, que l’œil borgne étranger peut être roi.

Vous avez peur?

Ouvrez les yeux!


16 janvier 2014

Zombie?



Parfois, je ne suis pas dans mon corps.
Pas vraiment.
Pas tout à fait.

Ce sentiment de vide fonctionnel est parfois tout à fait normal, et parfois tellement dérangeant...
Où est-ce que je vais, qu'est-ce que je fais quand je ne suis pas ici?

Essayons d'expliciter un peu.

"JE" est un terme difficilement définissable. Mais essayons.

Je suis (au moins) triparti. Une sorte de trinité interne peut-être:
- mon corps, l'ensemble de ces parties physiques dont j'ai conscience, cette matière qui me fait parfois plaisir et parfois souffrir, toutes les expériences que me donnent mes sens, toutes mes perceptions visuelles, auditives, etc.
- mon esprit, cette faculté cognitive qui me permet de penser, de jouer avec les concepts, de construire des mots et des phrases avant de les prononcer, de les écrire, parfois même sans jamais les exprimer, cet espace virtuel en quelque sorte, où je construis des systèmes, du sens, des interprétations de mes expériences.
- mon âme, cette chaleur vitale qui rayonne dans ma poitrine, qui me fait vivre et aimer, qui me fait me sentir pleinement moi-même, qui me dit que ce que je fais, dans mon corps ou dans mon esprit, est juste... ou pas.

Donc, "JE" suis une trinité interne. Âme, Esprit, Corps.

Il y a des moments, dans lesquels je ne suis pas mon corps. Le sommeil par exemple. Ou la méditation. Ou la réflexion intense. Quand cet ensemble d'expériences sensibles disparaît.
Peut-être que dans la réflexion, la méditation, le corps passe au second plan. Peut-être qu'il est toujours tout autant présent, mais simplement mon attention n'y prête justement pas attention.
Mais dans le cas du sommeil, est-ce que je suis toujours mon corps? Sans avoir d'explication, je nourris quelques doutes... Bien sûr, mon corps continue d'exister, puisque je le retrouve au réveil.
Mais qu'y a-t-il entre l'endormissement et le réveil? Rien? Le "JE" de mon corps semble pourtant bien être lui aussi mis entre parenthèses...

Il y a des moments, dans lesquels je ne suis pas mon esprit. Typiquement, le réveil. Dans la phase où je reprend contact avec mon corps, je ne suis pas capable de penser quoi que ce soit. Je ne suis pas capable de communiquer, de former des phrases. Encore moins de les articuler. Il me faut du temps, pour me reconnecter au train de pensées de la veille. Pour me souvenir de ce que j'ai prévu hier pour mon programme d'aujourd'hui. Pour réactualiser mon système de croyances, mes valeurs, mes choix.
Ce qui est perturbant, c'est qu'il arrive que mon esprit soit aux abonnés absents. Des moments, des journées, où je fonctionne, comme si mon corps continuait sur sa lancée, poursuivait les desseins que mon esprit lui a prescrit, mais cet espace virtuel reste désespérément vide...
Peut-être qu'il a besoin de se reposer quand on l'utilise trop? Même si certaines facultés peuvent être réactivées, par exemple quand quelqu'un m'adresse la parole, soudain "je reviens à moi", et suis capable de lui répondre.
Je ne parle pas du fait d'être, comme on dit, "perdu dans ses pensées". C'est chose commune, du moins dans mon monde à moi. Mais dans mon monde à moi justement, il y a de ces moments où mon esprit est perdu... mais je ne sais pas où. Du coup je peux en revenir, mais je reviens de nulle part. Où étais-je à ce moment-là?

Il y a des moments, dans lesquels je ne suis pas mon âme. En fait, il y en a beaucoup. Ceux qui se remarquent, sont ceux dans lesquels je suis mon âme. Ces moments où je me sens pleinement vivant, où je sens la vie irriguer chacune de mes pensées et chaque centimètre de mon corps. Ces moments où retentit comme un message d'alarme à l'intérieur, où tout mon être crie au scandale, se révolte, ou au contraire vibre de bonheur, comme si tout n'était qu'un, et que se manifestaient par moi le Beau, le Bon, et le Bien.
Quand il m'arrive de faire l'expérience de cette plénitude intense, j'ai l'impression de la retrouver, de me retrouver. Mais si je la retrouve dans ces moments privilégiés (ou particulièrement horribles), où était-elle? Et depuis que "JE" est mon âme, où étais-je?

Aussi, il y a des moments autres que le problème du sommeil, dans lesquels mon "JE" esprit n'est pas là, la plupart du temps mon "JE" âme est loin, très loin, et pourtant mon "JE" corps est toujours là, continue à fonctionner, à agir...

Plusieurs problèmes en découlent.

Que fait mon esprit quand il n'est pas là?

Où mon âme va-t-elle passer le plus clair de son temps?

Est-ce que j'existe encore quand je suis endormi?

"JE" est-il l'unité des aspects de la trinité interne?
Ou est-ce une fonction qui essaie tant bien que mal de maintenir ensemble trois natures opposées?

Est-ce que nous sommes tous... des zombies?